Il est désormais courant d'entendre les élus fosséens prétendre que le maire de Marseille, et son complice le pape, voudraient imposer un incinérateur à la ville de Fos. Sur le site du SAN Ouest-Provence, présidé par l'ancien maire de Fos Bernard Granié, la présentation de ce dossier est sans équivoque : "ce choix révélé au grand jour en octobre 2002 n’a cessé depuis de mobiliser contre lui l’ensemble de la population, des élus locaux ainsi que les présidents du Conseil Régional et Général".
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Bernard Granié doit sans doute avoir un jumeau homonyme, parce que chacun se souvient désormais de cet article du 4 juin 1999 dans la Provence dans lequel un certain Bernard Granié, maire de Fos, défendait l'implantation à Fos d'un vaste centre de retraitement des déchets de Marseille, y compris par incinération :
"La zone industrielle de Fos a beaucoup de place et elle est éloignée de la zone urbaine. On traite les produits bien plus dangereux. Pourquoi les ordures ne nous intéresseraient-elles pas ? [...] Il est plus logique d'assurer toute la chaîne, on pourrait y envisager toute sorte de valorisation, le compost, la lyophilisation, le recyclage... L'incinération ne sera envisagée qu'en seul et dernier recours. A Fos, nous avons la capacité de le faire, de réaliser le vrai centre de traitement de demain, et de créer des emplois, en jouissant des réseaux de navigation, ferroviaire et routier déjà en place. [...] Une diabolisation puérile ne mènera à rien."
De même, chacun pourra constater qu'effectivement, Jean-Claude Gaudin avait bel et bien cherché à installer cet incinérateur à Marseille même, preuve que s'il a du mal à convaincre les Fosséens, il est pour sa part persuadé qu'il ne s'agit pas d'une installation dangereuse pour la santé des populations.
C'est sans doute également l'avis de Noël Mamère, député-maire de Bègles et ancien candidat à la présidentielle sous l'étiquette des Verts, qui a choisi d'accueillir sur le territoire de sa commune un incinérateur dont il assure lui-même la surveillance et le suivi d'exploitation.
Quant à l'opposition de Bernard Granié et de René Raimondi à l'incinérateur de Marseille, chacun s'interroge sur la réalité de leurs convictions : c'est en effet sous leur mandat que la commune de Fos avait déjà accepté la construction sur son territoire de l'incinérateur de Solamat-Merex, qui traite des déchets industriels venus de toute la région PACA, et même au-delà.
Le summum du pire ayant sans doute été atteint il y a quelques mois, lorsque la Justice a incarcéré Bernard Granié pour une sombre histoire de pots de vins perçus sur une entreprise spécialisée dans... le recyclage. Libéré sous caution, Granié demeure placé sous contrôle judiciaire et mis en examen pour corruption. Et malgré son engagement à démissionner de son poste de président du SAN, il a fini par trouver plus pratique d'y rester encore un peu.
Et finalement, le projet d'incinérateur initié en 1999-2000 par les élus fosséens se trouve aujourd'hui en cours de réalisation.
Conclusion malheureuse : le projet d'incinérateur n'a pas été imposé à la population fosséenne par le maire de Marseille, mais par les élus fosséens eux-mêmes. La preuve la plus éclatante de cette trahison et manipulation résidant justement dans le fait que Bernard Granié et René Raimondi prétendent avoir appris le projet en octobre 2002, alors même que nous avons tous une copie de l'article du 4 juin 1999.
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